2022 : Odyssée quinze – Histoires de maison

Si vous avez manqué le début : Une nouvelle odyssée.

Histoires de maison : proche du but.

Mais tout d’abord, un avertissement. Toutes les images de cette page ont été réalisées avec un smartphone ou un petit compact, sauf la super lune. Quelques images de la maison de Santa Cruz ne sont pas de moi. Je ne suis pas en « mode » découverte, mais toujours en phase de recherche d’une maison. Et j’ai toujours des démarches administratives en cours, ce sera un grand soulagement quand j’aurai passé toutes ces étapes à faire pâlir le film « Brazil », de Terry Gilliam.

Un exemple :

Pour le déménagement de mon conteneur (il est parti de Rotterdam le 6 juin, ouf.), j’ai besoin de 7 documents. Si certains documents sont faciles à obtenir (comme la liste de mes affaires par exemple), pour d’autres, c’est une quête digne d’un jeu vidéo (la détente en moins). Pour obtenir le document « X », il faut réunir trois autres documents, l’un de ces trois documents nécessite, lui à son tour, trois autres documents. Et ce ne sont pas forcément des documents faciles. Genre 4 heures d’attente dans un immense hall rempli de guichet, à attendre son tour en espérant que le bureau ne ferme pas avant. Et après avoir passé une heure pour convaincre le personnel que j’avais tous les papiers nécessaires. Ou alors, passage obligé chez un notaire pour authentifier une lettre. Tout ceci à trois heures de bateau de mon île. Aaaah…(râle de dépit.) Vivement la retraite.

Un mariage.

Il se trouve que les propriétaires de mon lodge étaient « sponsors » d’un mariage. Mariage qui a eu lieu à 6 heures du matin (!). Je me suis retrouvé invité à cet événement, mais comme je ne suis pas matinal, je n’ai été qu’à la petite fête qui a suivi. À midi, la fête est finie. Si d’aventure, j’en aurais encore l’occasion, je ferai un reportage sur les mariages philippins. Mais comme je l’ai dit, je ne suis pas en mode découverte pour l’instant.

Un mariage aux Philippines
Un mariage aux Philippines.

Comment je me sens.

Il m’a été demandé comment je me sentais aux Philippines. Il est vrai que je suis avare de commentaires sur mon état d’esprit dû au changement, radical, de mon train-train quotidien.

Et bien, je suis effectivement toujours stressé, mais l’achat d’une maison dans des conditions hors (toutes) normes, ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus simple. Ceci dit, je suis bien entouré. Les propriétaires du lodge et « Huggy-les-bons-tuyaux », ainsi que sa femme, sont d’un très grand soutient. Je ne suis pas perdu, j’ai vraiment de la chance de ce côté-là. Le moral est bon, et c’est bien grâce à eux.

Climat : ok, il fait chaud. Mais cela est déjà plus supportable que les premières semaines. Maintenant, il fait froid quand la température descend à 25 degrés, ce qui est plutôt rare dans le coin pour l’instant. Les expatriés que j’ai rencontrés me disent tous à peu près la même chose : il faut au moins une année pour s’acclimater. J’ai tout mon temps. Je suis juste un peu plus fatigué dans ces premiers temps d’adaptation.

Mon quotidien : il n’est pas encore défini, j’attends d’être installé dans une maison. Mon équipement photographique, et tout le contenu de mon conteneur vont contribuer à mes prochaines activités. Pour l’instant, c’est au jour le jour, et cela se passe bien. Je n’ai aucun regret d’avoir fait ce choix, bien au contraire. L’île contient de très beaux endroits, peu de pollution, et en ce moment, c’est la saison des ananas !

Philippines, Cebu, Esperanza, San Francisco, Bakhaw Beach. 18 juin 2022 © Willy BLANCHARD
Philippines, Cebu, Esperanza, San Francisco, Bakhaw Beach. 18 juin

Super Lune du 14 juin.

En me promenant la nuit, (il fait un tantinet moins chaud.), j’ai profité de faire quelques images de la super lune du 14 juin.

Super lune du 14 juin 2022, Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines. © Willy BLANCHARD
Super lune du 14 juin 2022, Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines.
Super lune du 14 juin 2022, Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines. © Willy BLANCHARD
Super lune du 14 juin 2022, Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines.
Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines. Super lune du 14 juin 2022. © Willy BLANCHARD
Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines. Super lune du 14 juin 2022.
Super lune du 14 juin 2022, Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines. © Willy BLANCHARD
Super Lune du 14 juin 2022, Esperanza, San Francisco, Cebu, Philippines.

Histoires de maison.

Nous y voilà. Je vais essayer de faire court, car les choses sont loin d’être simples ici.

Petit rappel : les étrangers ne sont pas autorisés à acheter un terrain et/ou une maison en leurs noms (il existe des exceptions, mais ce n’est pas mon cas.). Sauf erreur et de ce que j’en sais, c’est le même principe en Thaïlande et au Vietnam. Il est nécessaire de passer par un intermédiaire, qui achètera en son nom le terrain et la maison. Il est donc indispensable de trouver une personne de confiance pour acheter une maison, qui ne sera pas à votre nom, sur l’acte de vente. Ceci explique le pourcentage très important de personnes qui se font berner/arnaquer/truander/plumer (faites votre choix). Une estimation (tout à fait non-officielle) parle de 80 % d’étrangers qui ont font les frais. Et quand je dis « frais », c’est peu dire quand on pense qu’il s’agit de la totalité de la somme investie dans un achat. Vous vous retrouvez ratiboisé, et « bonjour chez vous ».

Un exemple courant : un étranger vient aux Philippines pour se marier. Il achète sa maison et son terrain, le tout au nom de sa femme philippine. Quelque temps plus tard, c’est la séparation. Tout est au nom de sa femme, donc, il ne peut rien récupérer de son investissement. C’est bingo pour la femme, car elle va revendre plus chère cette maison. Et peut-être même monter une nouvelle arnaque. It’s more fun in Philippines ! (slogan de l’office du tourisme).

Tentative numéro 1.

Vous avez déjà vu la maison qui m’avait plu sur une page précédente.

C’est la maison qui m’a conduit aux Camotes Islands, pour commencer mes recherches. Le courtier, (qui n’a pas de licence, je l’ai appris peu après l’avoir rencontré), avait préparé un bon dossier pour cette vente. Sur les images, depuis la Suisse, cela paraissait impeccable. En visitant sur place, c’était loin d’être dans un état impeccable. Beaucoup de choses à rénover. La surface du terrain ne correspondait pas au descriptif. Le prix annoncé était en fait deux fois plus élevé que la valeur réelle. Le courtier (sans licence, et de fait non agréé), prenait une commission de 1,5 million de pesos, soit environ 25’000 Frs ! Le plan de départ était que j’achète la maison au nom de sa femme, ce qui est illégal étant donné que le mari est dans le business du courtage, etc, etc. J’ai tenté de faire baisser le prix, mais sans succès. J’ai donc abandonné l’affaire.

Histoires de maison. Visite d'une maison aux ìles Camotes. 5 mars 2022 © Willy BLANCHARD
Histoires de maison. Visite d’une maison aux ìles Camotes.

Mon gros défaut en arrivant aux Philippines, c’est que je ne parle pas l’anglais. Mais ce problème s’est transformé en une chance absolument inespérée. Le « courtier » (qui n’a commencé ce business qu’un an plus tôt, il n’y connaît rien) m’a présenté à « Huggy-les-bons-tuyaux », un francophone. Le but, vous l’aurez compris, est de me traduire la transaction en cours. À partir de ce moment-là, les choses ont commencé à tourner en ma faveur. « Huggy », m’a de suite prévenu des risques encourus avec ce « courtier ». Suite à cela, la première étape a été de se débarrasser de ce « courtier » malhonnête (et je me retiens d’écrire des grossièretés.). J’ai été dirigé dans un appartement, où le propriétaire était de mèche avec le « courtier », c’est vous dire le machiavélisme de cette histoire. Il était prévu de louer une maison à mon arrivée, mais « en fait non, elle n’est pas disponible, les cinq autres non plus… ».

Voilà, dans sa version simplifiée, la première tentative. C’est un peu dommage, car le cadre environnant de cette maison était parfait. Mais je n’ai aucun regret, il y a beaucoup de maisons à vendre sur les îles.

Tentative numéro 2.

Il s’agissait d’une jolie petite maison, avec 1700 mètres carrés de terrain, avec beaucoup de potentiel.

Histoires de maison. Visite d'une maison à vendre à Esperanza. © Willy BLANCHARD
Histoires de maison. Visite d’une maison à vendre à Esperanza.
Histoires de maison. Visite d'une maison à vendre à Esperanza. 14 avril 2022 © Willy BLANCHARD
Histoires de maison. Visite d’une maison à vendre à Esperanza. 14 avril 2022

Pour un prix très bas (merci « Huggy » pour les négociations), mon budget permettait d’en agrandir les surfaces d’origines.

Parenthèse.

Petite précision pour ceux qui ne sont pas au courant : l’idée est que je puisse avoir un studio photo, un laboratoire argentique (oui oui, des rouleaux de film et du vrai papier photographique) et une libraire climatisée (les livres n’aiment pas l’humidité.). Sans oublier un atelier mécanique, et mes deux bureaux dans une même pièce, soit un bureau informatique et un bureau « atelier » de réparation d’ancien appareil photographique. J’ai besoin de beaucoup de mètres carrés pour mes hobbies de retraité. Et bien sur une chambre libre pour les visiteurs.

Fin de parenthèse.

L’endroit où se trouve cette maison est très plaisant, seul inconvénient : trois karaokés tout proches qui se battent pour savoir lequel fera le plus de bruit. Mais bon, pourquoi pas, une meilleure insonorisation peut être discutée dans le plan de rénovation.

Quelques problèmes.

Le premier étant de convaincre le couple, séparé (un étranger et une Philippine), de trouver un arrangement dans le partage de la vente. Depuis dix ans, ils n’ont jamais réussi à se mettre d’accord. Mais l’intervention de Superman « Huggy-les-bons-tuyaux » a permis de résoudre ce problème. Deuxième problème ; il n’y a jamais eu de permis de construire pour cette maison, évidemment nécessaire pour la revente. Ce qui amène à un troisième problème : pas de Tax declaration, aussi nécessaire pour la revente. Il faut donc commencer par créer un permis de construire, ce qui nécessite l’intervention d’un géomètre agréé, pour pouvoir ensuite faire un plan officiel et notarié. Et aussi de placer les bornes de délimitation du terrain. Ci-dessous, l’opération en images. Si j’ai photographié chaque borne dans son environnement, c’est pour contrôler qu’elles ne se déplacent pas toutes seules pendant la nuit, phénomène assez fréquent par ici semble-t-il… Surtout quand elles se retrouvent trop près d’autres maisons qui, légalement, ne devraient pas se trouver là… C’est le Far West ici.

Appareil topographique récepteur GPS. Mesure du terrain avec le géomètre. 20 mai 2022 © Willy BLANCHARD
Appareil topographique récepteur GPS. Mesure du terrain avec le géomètre.
Pose des bornes de délimitation. 20 mai 2022 © Willy BLANCHARD
Pose des bornes de délimitation.
Histoires de maison. mesure du terrain avec le géomètre. 20 mai 2022 © Willy BLANCHARD
Histoires de maison. mesure du terrain avec le géomètre. 20 mai 2022
Pose des bornes de délimitation. Bornes en ciment marquées "PS".
Pose des bornes de délimitation. Bornes en ciment marquées « PS ».
Histoires de maison. Le résultat immédiat des relevés. 20 mai 2022 © Willy BLANCHARD
Histoires de maison. Le résultat immédiat des relevés.

Suite aux mesures, deux terrains faisant partie du lot sont clairement identifiés. J’ai oublié de préciser que sur ce terrain, 200 mètres carrés appartiennent à la mère de la Philippine, décédée depuis quelques années. Ce qui soulève un autre problème, faire signer un accord avec les 9 (ou 12, je ne sais plus) héritiers de cette petite parcelle. Problème non résolu ; le 9e (ou 12e) héritier est introuvable.

Nouveau problème : entre la première visite de cette maison et les mesures du géomètre, une maison a été construite sur le droit de passage… Il ne reste plus que 80 centimètres pour rentrer chez soi avec un véhicule. Et pour un déménagement comme le mien (33 mètres cube), ceci est loin d’être pratique. Il existe des lois bien sûr, mais d’ici à les faire appliquer, il peut se passer plusieurs années… Il fallait donc trouver un autre droit de passage.

« Huggy-les-bons-tuyaux », ainsi que sa femme, se sont démenés comme des fous pour essayer de résoudre tous ces problèmes, la plupart avec succès, mais il arrive un moment où cela devient lourd à gérer. De nombreux aller-retour ont été nécessaires pour notarier la promesse de vente, les plans, etc. Et ceci, comme d’habitude, avec chaque fois 6 heures de bateau à la clé. Qu’ils soient ici remerciés encore une fois, et je me réjouis de vous les présenter quand vous viendrez me rendre visite.

Interlude : Bakhaw Beach.

Bakhaw Beach, 13 juin 2022. © Willy BLANCHARD
Bakhaw Beach, 13 juin 2022.

Tentative numéro 3.

Il se trouve que dans le même temps (autour du 1er juin), un ami de « Huggy », ancien maire d’une ville voisine, lui a parlé d’une maison qu’il voulait vendre. Il s’agit d’une maison neuve (2019), environ 110 mètres carrés, d’excellente qualité de construction, ce qui n’est pas forcément la norme. Sur un terrain de 1000 mètres carrés, bien suffisant pour mes besoins. Cette maison est totalement équipée et meublée. Je vous passe les détails des complications avec les documents officiels et les tractations (définitivement le Far West). Toutefois, cette vente était plus facile à gérer que la précédente. Située dans un endroit calme, proche de la ville voisine, cette maison se trouve exactement entre le lac Danao et la mer, je peux donc me déplacer à pied ou à vélo facilement.

Histoires de maison. Cette fois, c'est la bonne.
Histoires de maison. Cette fois, c’est la bonne.
Maison à vendre, Camotes Islands. 1 juin 2022 © Willy BLANCHARD
Maison à vendre, Camotes Islands.

Cette fois, c’est la bonne, les signatures sont en cours. Le rendez-vous chez le notaire est prévu pour le 29 juin, si pas d’autres embûches d’ici-là. Il faut toujours contrôler les documents, des clauses contraignantes sont parfois ajoutées/modifiées par les notaires (!). Si tout se passe bien, je pourrai emménager courant juillet.

You know what ? I am happy (Droopy).

Après cela, il sera ajouté deux extensions séparées à cette maison. L’une sera la bibliothèque, l’autre sera pour les ateliers. Je suis vraiment très heureux d’avoir enfin un « chez-moi », cela fait quand même déjà une année que j’ai vendu ma maison à Lucens. Et comme j’ai un tempérament plutôt ermite, c’est long une année à vivre hors de chez soi. Et cela ne signifie pas que ce choix est définitif, si je change d’avis, cette maison sera, je pense, facile à revendre. Il y a beaucoup plus d’étrangers ici que je le pensais.

Bien, maintenant cet article est un peu long. Et je n’ai pas mentionné tout ce dont je voulais parler. Je voulais aussi montrer d’autres maisons, mais je suis un peu court dans le délai pour finir cette page aujourd’hui.

Histoires de maison ; à suivre ici.

© Willy Blanchard, tous droits réservés, 27 juin 2022